A l'instar de la plupart des autres démocraties européennes, la France est confrontée à une révolution multiculturelle corollaire à la transformation sociologique de sa population. Parmi d'autres institutions, l'école doit faire face à la montée des revendications identitaires des élèves. L'article en explique les ressorts tout en rappelant ses principales manifestations. Il tente aussi de souligner les limites des réponses institutionnelles tout en invitant à une reformulation du principe républicain de la laïcité.
Bases pour une démocratie multiculturelle fondée sur la prise en compte de la diversité culturelle et identitaire dans le respect des références communes, sur l'octroi de droits collectifs et le renforcement de droits individuels, sur l'exigence de la justice sociale.
Comment vivre ensemble avec nos différences à la fois libres et égaux sans pour autant renoncer au partage de références communes ? La première partie de l'ouvrage s'attache principalement à déjouer les pièges traversant la plupart des conflits sociaux d'expression culturelle, des caricatures de la polémique aux carences de l'information, des déficiences de l'analyse à la confusion des terminologies, des stéréotypes tenaces au déni de la réalité. Il s'agit ainsi de dessiner le cadre et les orientations d'une définition raisonnée du multiculturalisme susceptible d'offrir une base de discussion saine sur sa valeur. A partir de là, la seconde partie aborde les controverses nouées autour des prétentions de cette doctrine multiculturelle afin d'atténuer ou de venir à bout des effets du "malaise de la modernité". L'auteur veut ainsi tenter de démontrer comment la contradiction souvent postulée par le courant de pensée dominant entre diversité culturelle et unité sociale peut aujourd'hui être dépassée. (Extrait de l'introduction)
Souvent critiquée sans nuances, parfois célébrée avec force, la citoyenneté se trouve aujourd'hui au centre d'une série de controverses de la plus grande importance. Tout d'abord, la question de l'égalité sociale : l'Etat-providence, avec sa promesse faite à tous les citoyens d'une appartenance de plein droit à la société par la garantie des droits sociaux, ne semble plus en mesure de satisfaire une demande sociale sans cesse croissante. Ensuite, le souci de légitimité et de stabilité de sociétés fondées sur le marché n'est plus assuré par une citoyenneté qui a perdu sa fonction sociale de régulation des conflits d'inégalité. En troisième lieu, le problème des différences culturelles et de l'unité sociale : la citoyenneté peut-elle durablement ignorer la culture et les revendications qui lui sont corollaires ou, au contraire, doit-elle tenir compte des revendications résultant de l'appartenance à un groupe ? Enfin, la question essentielle de l'appartenance et de l'exclusion qui commande une gamme assez large de définitions de la citoyenneté, d'une conception étroite à une conception large des droits des citoyens, d'une notion réduite à une notion vaste de la participation, d'une appartenance fondée sur l'attribution et l'affiliation à celle fondée sur le choix et la participation.